Archive for the ‘Photographie’ Category

Critique de : “Figé, gardien lithique” série “Le temps n’existe pas” œuvre “18 vues de Kyoto” par F.H.P. Lornet.

lundi, janvier 30th, 2017

 

Eludons tout d’abord, et de prime, le fait que l’artiste lui-même et en conscience devienne le critique de ses propres œuvres: c’est (faire) montre de partage et de gratuité.
Anéfé, s’il avait été sujet d’une autre œuvre, d’un autre artiste, il eût fallu rétribution ou simple envie.

L’œuvre présente une sculpture de pierre en ronde-bosse devant un feuillage arboré. Il s’agit d’une photographie sur papier de coton, encadrée et pourvue d’une étiquette faisant office de cartouche tout autant que de signature. Cependant, l’œuvre est elle-même signée en bas à droite au verso.
Le sujet de la photographie est un komaïnu japonais, autrement connu sous le nom de Shi en Chine, ou plus communément sous l’appellation de chien de Fô. Ce sont des représentations de lions sculptées et faisant office de gardiens de sanctuaires ou de temples.
En l’occurrence, ici, le komaïnu est placé à l’entrée sur le chemin qui mène au temple d’ Otoyo.
Les komaïnu sont des représentations inspirées des Shi de la Chine des Tang, nous apprend la wikipédia (dont il faut se méfier, par ailleurs). Vous lirez.

On peut remarquer sur le cliché qu’un morceau de papier inscrit de kanjis pend d’une branche d’arbre derrière la statue, auquel fait écho l’étiquette cartouche qui pend de l’œuvre.

La prise de vue est faite tardivement dans l’après-midi, le soleil étant plus près de l’horizon que du zénith, et traçant l’ombre du feuillage sur le corps du bestiau.
Sans en savoir plus, et regardant la représentation, on s’aperçoit qu’elle repose sur un socle qui fait corps avec la ronde-bosse. Evidente disposition artisanale de maintien de la création.
Sur le petit côté visible du socle se trouve un éventail, que l’on pourrait confondre de loin avec un hérisson.
Sur le grand côté du socle un rameau s’épanouissant de façon presque symétrique et symbolisant probablement la vie ou la nature domptée par le molosse, gardien du temple.
L’éventail, instrument usuel et prosaïque, est cependant la marque à la fois d’une communauté et d’une certaine aristocratie, tout autant qu’une différenciation sexuée, à travers les âges.

http://kyoto.japon.free.fr/K_Plan.html

Le fond de la photo est plutôt sombre, alors que la silhouette du komaïnu se détache en pleine lumière. L’artiste a voulu faire ressortir la puissance cachée des gardiens (ou anges, dans la culture occidentale récente) de la spiritualité. L’objet du cliché est bien la massivité de la sculpture tout autant que son expression: le bestiau regarde l’objectif et fait mine d’un rictus intemporel montrant sa dentition imparfaite en raison du temps. Le regard est, lui, resté ferme et intransigeant: “C’est sous mes yeux que vous vous aventurez, mortels”.
La statue est datable, au doigt mouillé, du XVIIIe siècle, peut-être plus récent, beaucoup plus récent, étant donné la propreté des coups de ciseaux.

Peu importe, c’est le message donné par l’artiste qui prévaut: ce cliché est le garant de l’intégrité de toute la série, il prend soin de sa conservation et de son intégrité, tout comme le fait un komaïnu à l’entrée des sanctuaires.

Une discussion, un commentaire? envoyez un mail! (les inscriptions spam étant les seules j’ai désactivé les inscriptions ^^)

Collection intégrale des “18 vues de Kyoto”

mardi, janvier 24th, 2017

La collection publiée des “18 vues de Kyoto” est finalement complète avec la troisième et dernière série, “META”, dont le but sociologique devrait être évident aux yeux avertis (voir la mise à jour de la page concernant cette série photo-graphique sur le Japon).
Le nouveau catalogue 2017 incluant cette troisième et dernière série présente des versions web des photos sans leurs cadres ni leur cartouches adventices, mais pour s’en faire une idée, le précédent catalogue 2016 est toujours accessible.
Evidemment, ces œuvres sont toujours disponibles vu que tirées à deux exemplaires chacune, et malgré la vente de deux d’entre elles.

[pour ceux qui estiment que sur Instagram, c’est plusse mieux cool parce que c’est en HD, je leur dis que ce genre de plate-forme, sans rien apporter à ses contributeurs, s’enrichit à leurs dépens dans 99% des cas, et ça me pose un gros souci :)]
J’ajoute à cette aparté vindicative que le partage est avant tout un échange et pas une filouterie, a contrario de la logique normative des GAFA (google, apple, facebook, amazon, on peut en ajouter bien d’autres)  et autres prétendants à la domination de l’humanité et à son esclavagisation (sic) volontaire.
Bref :).

La série originale est complétée par une série de 7 ‘variations’ qui feront l’objet d’une prochaine publication, en fonction de la lumière disponible en ces temps pollués atmosphériquement (re sic) et politiquement. Ces variations seront également mises en vente à un prix très raisonnable.

Il n’est pas exclu qu’une série inédite et privée vienne s’adjoindre aux “18 vues de Kyoto”, parce que d’une, c’est moi qui décide en tant que démiurge, et que deux, certains autres clichés le méritent grandement. De même, les deux artefacts prévus initialement sont en cours de création. Leurs prix risque d’être prohibitif.

En attendant, il est temps de s’atteler à d’autres aventures graphiques.

Carrément.

lundi, janvier 9th, 2017

Une sizaine des photos de la série “18 vues de Kyoto” est soumise au jugement pour le concours dans la catégorie “contemporary issues”.
Certaines de ces œuvres ne sont pas encore disponible sur le nouveau catalogue qui n’est d’ailleurs pas encore en ligne. C’est bien fait, vous n’aviez qu’à venir à la Japan Touch où elles étaient exposées.

Exposition des 18 vues de Kyoto / Japan Touch 10 et 11 décembre 2016 à Lyon

vendredi, octobre 28th, 2016
Flou de nô (Kyoto 2015, F.H.P. Lornet)

Flou de nô (Kyoto 2015, F.H.P. Lornet)

Japan Touch 2016A l’occasion du week-end consacré au Japon et aux cultures d’Asie les samedi et dimanche 10 et 11 décembre 2016, vous pourrez admirer, en plus des deux séries déjà publiées, une troisième série inédite qui sera dévoilée en exclusivité lors de l’exposition des “18 vues de Kyoto” à la Japan Touch 2016 à Lyon.

Vous pourrez, bien sûr, faire l’acquisition d’œuvres originales ou de reproductions (toutefois en nombre limité) proposées à cette occasion (pour une envie particulière, un support, un format, il faut bien sûr passer commande).

Deux œuvres originales sont d’ores et déjà réservées.

#18Vues

alcools
La réalisation sculpturale monumentale prévue initialement est reportée à plus loin, étant donné le triste agenda estival de l’artiste et la léthargie industrielle due à cette même période.

Mastering portrait with love (and luck)

dimanche, août 28th, 2016

denis_webb_web_lornet-design

Les gens normaux

dimanche, août 7th, 2016

neufLes gens normaux, ce sont ceux qui habitent le troisième étage: ils ne verront jamais la lumière du ciel depuis la terrasse du cinquième et dernier étage et ne sont jamais descendus à la cave.
C’est triste, c’est confortable, et ils aiment ça. Ils votent ‘pour’.

Le discours d’introduction de l’exposition “18 vues de Kyoto”

mercredi, juin 29th, 2016
Le love fiorentino.

Le love fiorentino.

L’artiste par sa seule volonté change le monde. Bien sûr, c’est d’abord SON monde qu’il transforme, mais c’est aussi celui de tous les autres. Quelles que soient les réactions suscitées, ou l’absence de réactions, il y a forcément une nouveauté qui métamorphose le présent.

Il en va donc de l’art comme de toute autre activité humaine ou cosmique : c’est à chaque fois une venue au monde et une transformation du monde, aussi utile qu’artificielle.

J’ai horreur des artistes qui s’expriment à propos de leurs créations. J’aime laisser le spectateur se laisser emporter par ce que l’œuvre lui donne à penser.

Toutefois, il me faut donner quelques clés concernant l’exposition que je vous présente aujourd’hui.

La plupart d’entre vous auront compris dans le titre « 18 vues de Kyoto » le clin d’œil à Hokusai et à ses 36 vues du mont Fuji ou encore à Hiroshige et ses 100 vues  d’Edo. Il est vrai que j’apprécie beaucoup l’art de l’estampe japonaise, spécialement les représentations de paysages, dont rien que le nom d’images du monde flottant (ukiyo-e) est à lui seul un point de départ fertile pour l’imagination.

Pour l’instant, ces 18 vues regroupent deux séries, dont la première est exposée ici dans son intégralité. Une troisième série viendra compléter l’exposition et sera visible probablement à la japan Expo 2016, en décembre prochain à Lyon.

La première série, donc, est celle que j’ai nommée « Le temps n’existe pas », en référence à un ouvrage de Nelly Delay intitulé « Le jeu de l’éternel et de l’éphémère ».
Pour moi, la découverte de l’histoire du Japon à travers ses temples et ses palais a été l’occasion de saisir une partie de la pensée philosophique du shintoïsme.

Du peu que j’en connais, elle semble convenir à ma façon de regarder le monde, à travers chaque phénomène que la vie nous permet de ressentir.
C’est aussi pour cela que je l’ai appelée série verte, car elle donne à voir la célébration de la nature, de ses beautés et de ses bienfaits plutôt que son pouvoir parfois dévastateur.

Cette série inscrit l’Homme dans le monde et rappelle que sa place doit être mesurée.

La seconde série, intitulée « À temps » est une vision du Kyoto contemporain, du Kyoto de notre temps. C’est une vision prosaïque traitée selon un angle plus graphique, d’où son titre de série multicolore. Elle montre à la fois un certain désordre dans l’enchevêtrement des réseaux, qu’ils soient ferrés ou électriques et un ordre artificiel dans la volonté de régulation du monde à travers la domination du commerce marchand.

La réalité est évidemment toute autre puisque derrière un luxe affiché, le bien-être n’est souvent que de façade, au Japon comme dans bien d’autres sociétés dites occidentales.

Je n’en dirai pas plus, et pour terminer, je tiens à rappeler que cette série des 18 vues de Kyoto n’est qu’une illusion de la réalité, mais que par le choix que j’ai effectué, j’espère avoir artificiellement créé une vision de cette ville qui donnera sinon l’envie de s’y rendre, au moins un intérêt pour la culture et l’histoire du Japon, mais encore plus pour l’indicible qui l’anime.

La perte. Oraison funèbre pour Denis.

lundi, juin 20th, 2016
Denis_Hokusai

Aquarelle de Denis Webb (lac de Saint-Point) dans un autre univers, au même niveau que le lac Hakone d’Hokusai. Watercolor from Dennis Webb (lake of Saint-Point) in another universe, at the same level of the “hakone Lake” from Hokusai.

Le couac. Anneaux de calcaire en ronde-bosse, taillés dans la masse. Symbole de l'amitié qui liait mes grand-parents paternels avec un ouvrier portugais, tailleur de pierre de son état, venu rénover la bâtiment ecclésiastique du coin, et à qui ils ont offert le gîte et le couvert. Reproductions des statuettes de Cernavodă (Roumanie) datant de l'époque néolithique. / Jarring note (=couac in french, pronounced like Kwak/quack). Chalky rings sculpted in the round cut from solid. Symbol of the friendship between my grand-parents (father's side) and a portuguese worker, stone carver working on the repair of the church near by, to whom they offered board and lodging. Reproduction of Cernavodă figures (Romania) dating from neolithic and known as "the thinker".

Le couac (voir le title ou le alt).

J’ai perdu un ami avec qui nous avions décidé d’un commun accord de nous perdre nous-mêmes. C’était un être sensible et engagé, en colère parfois et souvent intransigeant sur la manière de faire et l’art de bien-faire (des fois c’était too much, quand même, hein).
C’était un artiste. Pas de ceux qui promènent leur chien pour se faire des amis, non. Evidemment issu d’une génération avec ses travers, il avait la douloureuse conscience de tous ceux qui ont traversé les époques d’un siècle tumultueux dont les promesses n’ont jamais été tenues.
Il m’a fait découvrir quel intérêt il y avait à aimer le papier, sa texture, la façon dont il reflète ou pas la lumière, la chaleur qu’il dégage… les possibilités qu’il engendre. C’est grandement en partie grâce à lui que j’ai finalement compris que le travail de la photo prenait du temps, que la prise de vue était la clé de l’expression d’une sensation possiblement jamais comprise par personne d’autre que l’artiste lui-même… mais qu’il fallait, qu’il faut la faire. Qu’il faut se donner le mal nécessaire pour la montrer, la partager avec d’autres, quitte à n’en jamais avoir aucun retour, aucune récompense, carrément pas de reward.

C’est le lot de tous, bien que peu le sachent: souffrir.

Ce qu’il y a de plus important dans l’art, c’est le moment où s’agitent les relations qu’il procure, les rencontres vraies et où occurre ce bout de chemin qu’on fait parfois côte à côte, pour le meilleur et pour le pire, bien sûr.

See ya, Denis, you’ll be forever in my soul.

 

[sz-video url=”https://youtu.be/Wlb_ivcRNSc?t=55s”/]

Translation for Debbie (not to say a translation is always a treason)

The loss. Funeral oration for Dennis.

I’ve lost a friend with whom we both agreed to lose ourselves. He was a sensitive and engaged being, sometimes angry and often uncompromising on the approach and on the art of the do good (sometimes, that was a bit “too much”, though).
He was an artist. Not one of those walking the dog to socialize, no. Of course, from a generation with its peculiarities, he had the painful consciousness of all those who’ve been through the times of a rough century which promises were never kept.
He made me discover the good in loving paper, its texture, the way it reflects the light or not, the warm out of it… possibilities it brings. It’s much thanks to him that I’ve finally understood photography work take some time to be done, that shooting was the key of the expression of a sensation possibly never understood by any other people than the artist himself… but that it has to be done, that it is to be done. That one has to make a necessary big effort to show it, to share it with people, even if no return has to be expected, no recompense, no reward at all.

That’s the lot of everyone, while a few got it: suffer.

What is most important in art, is the moment when true relationships are shaking, the real relationships and where happens this part of the road we do side by side, for the best and the worst, of course.

See ya, Dennis, you’ll be forever in my soul.

Nouvelle exposition des “18 vues de Kyoto” (mai 2016)

vendredi, mai 20th, 2016

Affiche: 18 vues de Kyoto à l'espace Lyon-JaponA vos agendas! ^^

Exposition vente à l’Espace Lyon-Japon (16 rue Bellecombe 69006 LYON) du 2 mai 2016 au 4 juin 2016 (vernissage le samedi 21 mai de 16h à 19h).
En savoir plus? -> 18 vues de Kyoto

 

“Yoko Ono précise qu’elle tient absolument à se rendre à Lyon courant mai (…)” 😉

 

Accrochage

mercredi, mai 11th, 2016

Bien sûr, c’est fait exprès! C’est pour voir d’en haut!cigitotto
Les cloches étant vraiment lourdes, on s’est dit que le son, lui aussi, allait tomber, que de plus haut, donc plus loin! Arf.

Et bien sûr, la plupart des badauds le voient d’en bas. C’est à la fois la possibilité de dominer, tout autant que celle de se laisser dominer par la puissance d’un travail, que dis-je, d’un labeur, d’une torture, d’un accomplissement mortel et définitif.
Donc, non, vous ne l’aurez pas en grand, il faudra vous procurer un exemplaire signé et onéreux ou une reproduction meilleur marché.

accrochage_2016Mais pour le moment, il s’agit de causer d’un accrochage. Non, pas de ceux qui défient le bon sens de la physique (“bon sens” krkr) comme on peut en voir à longueur de vidéos dans les car crash de la bêtise, mais dans un petit endroit dédié à l’apprentissage de la langue nippone.
Ah! comme je suis tenté de dire que cela fait une semaine “JOUR POUR JOUR”, façon journaleux! 🙂 Zut, ça fait neuf jours! Tant pis alors. Et puis je compte a minima à la nano seconde, moi. Autant dire que j’ai arrêté y’a longtemps.

Il m’aura donc fallu rejoindre l’antique capitale des Gaules en un saut de puce savante, emprunter une ligne ferroviaire qui se meurt (et dont la réparation -la modernisation, en langage politique- ne saurait que l’oblitérer une petite année) pour pouvoir, éreinté d’avoir transporter mon lard et mon art, le disposer enfin sur quelques cimaises à propos.vers_lyon

Ce faisant, j’ai dû me rendre à l’évidence: il était tout à fait impossible de respecter le titre de l’exposition. Ce ne sont donc pas 18, mais bien 14 vues de Kyoto que vous pourrez admirer, critiquer, ou tout simplement regarder dans l’espace réservé à cet effet, celui qui s’est nommé “Lyon Japon”.

Evidemment, j’en profitai, afin de combler la cruelle absence de correspondance, pour faire un tour dans une épicerie de mon goût. N’ayant pas succombé alors à l’achat in situ d’une bouteille d’alcool de riz locale, bien que la boutique dédiée portât le nom du chemin des philosophes, je comblai ainsi ce manque terrible par une douce folie.

uffizi

Nananèreu!

 

Broth

dimanche, avril 24th, 2016

resistance7428 de l’ère d’Orione. Dernier câble avant terminaison finale.
Les tentatives d’évacuation vers d’autres systèmes ont toutes échouées.

La logique de feeding à basse consommation  est à bout.

vietataLes seuls survivants sont les hautes classes. Leur espérance de vie est de 3 années et 18 mois à plus ou moins 6 mois calibrés. Les descendants n’auront aucun espoir de survie.

 

Bouillon

vendredi, mars 25th, 2016

hokusaiPour de nouvelles aventures…insoumis
culinaires!

La geste créative

mardi, février 9th, 2016

murLes estampes japonaises sont d’abord des impressions monochromes qui deviendront polychromes avec les progrès de l’imprimerie. Ce sont bêtement, si l’on peut dire étant donné la maîtrise nécessaire à leur réalisation, de gros tampons de bois gravés et encrés appliqués soigneusement sur du papier.
La fascination qu’exercent les estampes provient du trait de l’artiste qui dessine le sujet, mais aussi de l’art du graveur qui doit faire apparaître en relief sur une planche de bois de cerisier chaque trait, aussi fin soit-il, chaque aplat de couleur, le tout en se souciant de l’exacte superposition des différents tampons, tels des calques.
On peut déjà soupçonner que cette notion de calque et de superposition donnera lieu aux dessins animés dont les Japonais sont incontestablement les maîtres, tant techniquement que d’un point de vue créatif.

La création se nourrit non seulement de la quotidienneté mais aussi et surtout de la souffrance expérimentée, et c’est ce qui lui donne autorité et altruisme, on y reviendra peut-être plus tard.

L’apparition des estampes au XVIIème siècle à Edo (aujourd’hui Tokyo) a été favorisée par les bourgeois et les artisans qui voulaient promouvoir un art qui leur ressemble, abordable et accessible, à la différence de l’art aristocratique qu’était la peinture sur fond d’or, que l’on retrouve décorant les somptueuses demeures et châteaux des puissants sous la forme de kakémonos, de paravents, ou de parois mobiles.
Les estampes représentent les métiers, les animaux, la nature, les scènes de la vie quotidienne; bref, c’est un art que l’on pourrait qualifier de populaire.
On peut même aller jusqu’à dire que c’est un art de calendrier (sans aucune comparaison avec les chatons de celui des PTT, encore que les chats sont évidemment très vénérés au Japon, comme tout ce qui existe, d’ailleurs).

L’estampe est peu onéreuse et elle est destinée à une diffusion la plus large possible, grâce à l’imprimerie.
C’est justement une voie qu’on me conseillait de suivre lorsque je m’enquis de l’avis de quelques amis à propos de mes récentes créations photographiques. Je fus d’abord un peu intrigué par l’exemple d’un Warhol dont je n’apprécie guère le délire publicitaire, étant donné les conséquences néfastes, visibles aujourd’hui, d’un amusement tout à fait acceptable et même enviable à l’époque.
Evidemment, je préfère me référer à la multiplication des estampes pour m’autoriser à faire profiter le plus grand nombre (encore que limité) de reproductions de mes œuvres.
Concernant cette problématique du nombre infini de reproductions contre l’unicité d’une œuvre, j’ai mon avis: la sériation est une donnée d’abord marchande avant d’être éventuellement pédagogique, et elle peut dénaturer le geste créatif, le sentiment mis dans une œuvre. C’est probablement ce que doit vouloir signifier, entre autres, l’exposition d’objets tout à fait usuels et banals tels qu’une fourchette sans valeur historique, par exemple, dans un musée.
Cependant, le capitalisme néo-libéral a également fait sienne l’unicité des œuvres, en faisant croire que c’est une raison pour augmenter indéfiniment la valeur marchande d’icelle.

Il faut donc trouver un milieu, juste, afin que la plupart puisse acquérir des œuvres, sans qu’elles deviennent de bêtes objets de supermarché.

Je pense, à contrario de bien des gens du milieu, que l’œuvre doit également être décorative et présenter une esthétique digne (en cela je laisse son libre-arbitre à l’amateur).
On a l’impression, le plus souvent, que plus une œuvre est bizarre ou laide ou interlope, plus elle a de valeur. Cela doit être une maladie de notre temps.
N’y a-t-il point eu une période Art nouveau, caractérisée par des lignes et des motifs plutôt végétaux, alors que l’industrie battait son plein, et que justement les avancées techniques permettait de créer des œuvres appelant à la nature plutôt qu’à la technique?

Il existe aussi de façon cruelle et quasi hégémonique dans l’art contemporain de la fin du XXème siècle et du début du XXIème une vision qui sépare irrémédiablement l’œuvre, en tant que signifiant, de ce son signifié. C’est ainsi que j’ai pu”admirer” un empilement de cailloux d’occasion perchés sur un pilier de section carrée au Palais de Tokyo, à Paris.
Sacrée recherche artistique… ou bien n’est-ce qu’une imposture de plus afin d’attirer les subventions publiques pour s’épargner le combat de l’accession au graal du RSA?  🙂

Il n’empêche que dans cette gesticulation artistique, chacun peut réunir trois galets afin de les superposer, et cela sans bourse délier. C’est un point non négligeable.
Mais ce ne sera pas l’œuvre unique, bien qu’aisément reproductible, de l’auteur. Quant à sa valeur décorative… il paraîtrait que c’est d’un chic fou… On s’autorise à penser que ce serait même “zen”…
Pour moi, la valeur “zen” commence une fois l’équilibre atteint irrémédiablement (haha!) lorsqu’on a empilé 42 galets.

Extrait de la collection iconographique imprimée “Le temps n’existe pas”

samedi, décembre 19th, 2015

Anecdote de travail.
Environ deux jours de travail, pour chaque œuvre, me sont nécessaires pour que je parvienne à un résultat qui me satisfasse. Ce temps de travail n’est hélas qu’un minimum, car il est impératif de pouvoir bénéficier d’une lumière correcte pour appréhender le résultat produit. La nébulosité climatique est à cet égard de première importance: si elle dépasse 40%, le travail est ralenti.
Les jours lumineux sont propices à la création graphique; un soleil qui donne, mais point trop, une heure de bonne augure, une ambiance révélatrice… toutes choses que le commun a souvent bien du mal à saisir… et pourtant il sait combien la lumière peut changer un paysage ou l’intérieur de sa maison!
Triste lot que celui de l’amoureux de la lumière et des arts qui doit se soumettre aux caprices d’éléments imprévisibles!
Il faut hélas souffrir un peu, et de bien des manières, pour parvenir à une création.
Fin de l’anecdote.

Quatre premières œuvres sont proposées à la vente et deux sont visibles dès à présent dans la boutique Galerie au 51 de la rue de Godrans à Dijon (les deux autres le sont sur demande), où vous pourrez également admirer et acquérir, entre autres objets d’art de provenances diverses, une superbe collection de netsukés japonais.
Ces quatre œuvres signées Lornet-design font partie de la série verte intitulée “Le temps n’existe pas”. Les dimensions des œuvres encadrées sont de 530 x 370 mm.
La collection dans son entier est présentée sur cette page dédiée aux œuvres sur le Japon.
L’amateur désirant acquérir une œuvre peut le faire soit sur demande ( contact  at  lornet-design.com ) soit sur place.

Pour se mettre dans l’ambiance: http://www.petitpalais.paris.fr/en/expositions/fantastic-kuniyoshi-demon-prints

Signature (dégoulinante en JPG dégueulasse)

dimanche, décembre 13th, 2015

signatureIl est certain qu’à moins d’acquérir une œuvre originale et authentique créée par… moi, à un prix tout à fait abordable mais cependant fort justifié, vous n’aurez rien d’autre que cette capture assez vilaine, constituant elle-même une œuvre, gratuite. 🙂

Il n’est donc pas improbable que le résultat d’une compression de fichier numérique fasse un jour prochain l’objet d’une attention plus particulière.

Photo

jeudi, octobre 8th, 2015

La photographie est un art, mais c’est avant tout un moyen de mettre à distance. On se dare.
La photographie, c’est évidemment une prise de vue, une prise de conscience, un point de vue, une position, un moment.
La photographie c’est aussi le développement des clichés. On y voit ce qu’on veut. En cela, c’est bien de l’art.
Outre le plaisir rude du moment cliché, c’est également un papier, une vision, un tirage.
C’est une vaine partie du monde et une sensibilité. C’est un temps chaotique et immuable, ordonné, celui de l’indicible.

Prochainement, une production à multiples visages, aux angles de vue différenciés. Encadrées, exposées, et même offertes.

La photographie c’est du travail, et quand il est bien fait, en général, il ne paye pas 🙂

En attendant, regardez donc Le chat du rabbin d’Antoine Delesvaux et de Joan Sfar (2011). animation

Bestioles et logo, l’exemple.

dimanche, septembre 20th, 2015
Gecko en chasse dans une pluie d'étoiles. (photo Lornet-Design)

Gecko en chasse dans une pluie d’étoiles. (photo Lornet-Design)

Quel être humain est-on à l’aune de la Vie?
C’était le 3ème jour du moi de mai qu’à la faveur d’une lumière électrique, un gecko vint profiter de cette aubaine pour se mettre en chasse de quelques insectes sur une baie vitrée fort à propos.
Patient, immobile, et pourtant cramponné à la parois verticale, il ignorait que je l’observais par en-dessous! 😮
Quelques jours plus tard, et profitant probablement d’une autorisation parentale, un jeune gecko vint également s’exercer à la chasse.

 

 

Matous et toutous. Logo vétérinaire. En une définition, la beauté est le résultat de la simplicité et de l'efficacité. (photo Lornet-Design)

Matous et toutous. Logo vétérinaire. En une définition, la beauté est le résultat de la simplicité et de l’efficacité. (photo Lornet-Design)

 

Tiré de: Delay Nelly, Le jeu de l’éternel et de l’éphémère, Ed. Philippe Picquier, Arles, 2004 ( ISBN: 2-87730-740-9 )

Tiré de: Delay Nelly, Le jeu de l’éternel et de l’éphémère, Ed. Philippe Picquier, Arles, 2004 ( ISBN: 2-87730-740-9 )

 

Oh, bien sûr, j’ai surpris le gecko en plein jour, crapahutant sur le mur cyclopéen d’à côté. Il a même essayé de m’empêcher de lui voler son image.
Mais c’était un caprice de star du cinéma… ou un moyen de garder un œil sur sa jeune progéniture par une astucieuse diversion.

Un tea mité

lundi, août 24th, 2015
Pavillon de thé, temple Tenryu-ji, Arashiyama. Photo Lornet-Design, 2015.

Pavillon de thé, temple Tenryu-ji, Arashiyama. Photo Lornet-Design, 2015.

Comme je le disais, on n’entend le monde que l’on ressent que par ses propres yeux. Chaque phénomène, chaque son, chaque image rétinienne n’a de sens que par son propre arbitre. Il est donc tout à fait inconcevable que l’on puisse même imaginer communiquer de l’un à l’autre, puisque chaque réalité, chaque fantasme a autant de sens qu’il y a d’individus.
Il faut également compter avec les connaissances que l’on a, et que l’autre a, d’un sujet ou d’un monde.
Le Japon a d’étranges, au sens étymologique, mœurs; et elles semblent mieux me convenir que celles d’ici, imprégnées de la bêtise culturelle judéo-chrétienne, mâtinée évidemment de tout un tas d’autres éléments provenant de diverses cultures et de temps parallèles.
En tant que natif de l’hexagonie, d’un continent que l’on appelle Europe, je me rends bien compte de quelle fascination pour l’Orient je suis l’objet. C’est à peu près la même qui habite ceux qui, créateurs du soleil levant, voient en cette Europe, souvent historique plutôt que contemporaine, une sorte d’eden.
Du coup, n’est-ce pas bien plutôt la rencontre de ces fascinations qui importe plus que leurs sujets?

Extrait de la correspondance privée du Voyage à Kyoto, agrémentant des photographies non publiées:

“Tout d’abord quelques maisons en allant vers le chemin des philosophes, un exemple d’autel dans un sanctuaire shintô. Les sanctuaires shintô sont probablement très similaires à ce qui existait en Gaule à l’époque celtique et romaine: vastes et remplis de dizaines d’autels plus ou moins imposants, tous en relation avec un lieu ou des animaux ou les éléments ou des personnes. Je vous laisse découvrir ce qu’est le shintoïsme sur la wikipédia.”

Il y a, à l’évidence des cœurs, une similitude remarquable, mais hélas opposable en raison de l’écart temporel qui les sépare, entre le shintoïsme et les religions, pour le peu qu’on en connaît, celtiques. Du point de vue de l’archéologue, la topographie des lieux est fort semblable: sur une colline tenant plus de la montagne, abritée par une forêt, serpentent plusieurs chemins dallés reliant plusieurs autels et habitations. Certains sont délabrés, les portillons de bois ne tiennent plus que par une inertie fragile. S’ils ont encore quelques lanternes de pierre, il est heureux qu’elles soient droites et debout. La forêt cache et abrite, couvre et protège un havre de paix et de moustiques voraces.
Le visiteur impromptu pourrait penser que c’est là un endroit déserté, abandonné, laissé vacant; mais il se ravise bientôt en croisant, rarement, mais certainement, plusieurs visiteurs du cru, venus faire quelques vœux, ou simplement respirer l’air paisible d’une civilisation sur son déclin.
Car oui, le 25 juin dernier, a eu lieu la première exécution capitale de l’année, pratiquée par pendaison uniquement. Oui, l’appât du gain a permis la remise en route des installations nucléaires sur un sol volcanique, oui, le pays s’est engagé à soutenir un effort de guerre aux côtés de ceux qui les ont soumis.

La politique et ses conséquences est l’une des matière les plus facilement prévisible. Elle est comme la volatilité de l’Humanité, instable, insatiable, soumise à la fulgurante bêtise de ceux qui la font.
Il y a pourtant un lieu, un espace plutôt, où l’on peut se retrouver soi-même. Une sorte d’échappée, fugace, intemporelle, hors les murs. Cette obédience, c’est la curiosité, le désir de connaître, la soif d’en savoir plus, le plaisir de la rassasiade. Le bonheur de savoir qu’on est tel que l’on peut être, et que, malgré la vanité de l’existence, il y a une récompense.

Bonus: où l’on ne parle ni de catastrophe nucléaire, ni d’humanité; où l’on ne se moque pas des “premiers ministres” et encore moins des “ministres de la défense” ou, comme on dirait ici “de l’intérieur”. En clic. Une œuvre de qualité mêlant dessins calculés en 3D et dessins traditionnels 2D , comme savent les créer les Japonais. 13 épisodes d’une vingtaine de minutes chacun. Bon visionnage sachant que vivid entre crochets vous y aidera 🙂

jp_critique

La sortie de la série animée (en 2013) a semble-t-il été repoussée de quelques années en raison de la catastrophe nucléaire de Fukushima, en 2011.
Il est évident, à parcourir le manga papier du même nom que la série animée, que cette dernière a été fortement édulcorée! Une BD en 22 volumes à offrir pour les prochaines étrennes 😉

Le temps n’existe pas.

lundi, août 17th, 2015
Jardin sec au Ginkakuji.

Jardin sec au Ginkakuji. Photo Lornet-Design, 2015.

On n’entend le Monde qu’à travers ses propres yeux, toujours. Il n’y a de beauté que ce qui n’existe pas encore.

Revenu fondamentalement changé, si tant est que cela ait jamais une importance, d’un voyage dans l’ancienne capitale du Japon, je me mettais à la lecture d’un livre que je conseille à tous ceux qui, aimant l’absence, le non sens, et le vide temporel, s’adonnent à leur essence et à sentir les exo-endo-phénomènes.
Afin de vous épargnez la lecture de ma pauvre prose, voici les références: Delay Nelly, Le jeu de l’éternel et de l’éphémère, Ed. Philippe Picquier, Arles, 2004 ( ISBN: 2-87730-740-9 )
Il m’avait semblé entretenir une -fort probablement quelconque- relation avec une orientaliste fort documentée (à moins que ce ne soit une documentaliste fort orientée 🙂 ). Elle nous dira peut-être si l’ouvrage que je conseille vaut ce que j’ai ressenti à sa lecture.
Même si cela n’a évidemment que peu d’importance, ni pour le Monde ni pour aucun des ses “éléments” (peut-on seulement diviser arbitrairement le Monde en éléments?), il faut toutefois noter que ceux qui subissent la Vie n’en ont que peu d’intuition.

C’est tout mon contraire.

C’est pourquoi, que l’on fasse ou non, que l’on soit ou pas, l’important est le présent, tant qu’il est partagé, et bien qu’il n’existe pas!

La vion!

jeudi, août 6th, 2015

Addendum aux  Notes de voyage à Kyoto.

boite_cercueil

Boing 747. Photo Lornet-Design 2015.

Oui, c’est bel et bien un coup à “se faire petitprincer” que de prendre l’avion.
Surtout juste après le crash volontaire d’un vol de la compagnie à bas prix Germanwings, filliale de la compagnie allemande Lufthansa. Surtout lorsqu’on est dans la carlingue d’un objet volant quelques kilomètres au dessus de la terre et que, quoi qu’il advienne, on ne peut que subir les effets d’une chute inexorable (et en d’autres termes, mourir) si elle devait intervenir.

Il n’y a aucune autre alternative lorsque l’on est un humanoïde et que l’on tombe de plusieurs kilomètres, inévitablement attiré par la gravité terrestre. Dans ces moments, je suppose qu’on rigole ouvertement des statistiques qui disent que le transport aérien est le plus sûr au monde 🙂
Alors oui, certains rupins*, inconscients moqueurs des peurs populaires et habitués aux vols planétaires quotidiens, peuvent bien se gausser de ces facéties, mais certains d’entre eux ont eu à faire face, cependant, à ce genre d’imprévus. Pas les moins riches, pas les moins connus. Et ils n’en sont évidemment pas revenus.
Ne le dites pas, mais les cercueils qui passent à la télévision sont quasiment vides, s’ils ne le sont pas totalement. Quelquefois, on y met une dent ou deux, lorsque la chance a été de la partie.

C’est à ce prix que l’on peut, pour quelques jours, vivre au Japon. On est heureux d’y arriver, et d’en revenir, vivant.
Et point de moquerie stupide!
Non, à moins d’être un véritable idiot, on ne meurt pas sur la route (et je crache sur le bois) comme on meurt depuis le ciel.

Bon voyage!

*: on parle ici de millions, de milliards… et de fieffés salauds.