Archive for the ‘histoire de l’art’ Category

Etude de nu

samedi, août 4th, 2018

Bon, je l’ai promis aux Berszerkers, je ne peux pas me défiler 🙂
Et vous allez tous en bénéficier, gratuitement, bande de rapias.

Ah? Parce que vous croyiez que l’émission “Palettes” sur Arte était faite de manière gratuite? Ah ah!

Aller. N’essayez pas d’être aussi con que vous l’êtes vraiment 🙂 [ la moitié de l’audience part]

Le sujet d’aujourd’hui est une photographie de l’artiste F. H. P. Lornet, intitulée “autoportrait au sortir de la douche”.
Il s’agit d’une photographie prise à travers un miroir, représentant partiellement le corps de l’auteur ainsi que son appareil photographique.
Oui, l’appareil génital (le pénis) est également au centre de toute l’attention qu’aura le regardeur. 🙂
La prise de vue n’étant pas satisfaisante, un recadrage droit et gauche a été effectué. C’est le seul recadrage. Il n’y a pas eu de rotation afin de rétablir d’éventuels défauts de parallaxe.
On notera donc que les lignes horizontales qui passent par l’appareil photographique et le bas du t-shirt sont telles quelles sur le négatif original, et parfaitement horizontales, soulignant ainsi la maîtrise de l’artiste quant à la prise de vue manuelle.
De même pour les lignes verticales de la sangle de l’appareil.
Ces lignes forment un quadrillage et quelques diagonales et sont une obturation au regard qui se porte naturellement sur l’objet central et l’arrière plan formant un fond. C’est inévitable, le regard évite le blanc inconsciemment quadrillé du t-shirt.
Le regard est porté vers les lignes naturelles du corps plutôt que vers des lignes géométriques.

Le corps de l’artiste, au premier plan, est le sujet principal de la photo. Le cliché coupe juste sous la poitrine et sous les genoux.
Le sujet est vêtu d’un t-shirt blanc Hanes et est équipé d’un Fuji X100 édition limitée.
Le bas du corps de l’artiste est nu et son pénis est décalotté, laissant apparaître le gland.

En arrière-plan, se trouvent une chaise et un bureau sur un sol de planches rustiques en bois. Ces éléments font évidemment penser à la “chambre de Vincent” peinte par Van Gogh. Un tissu semble être posé sur le petit bureau derrière le sujet (en fait il s’agit d’un sac EastPack).
La photo a été prise (arrêtez de voir dans les mots des tas de choses, SVP 🙂 ) face à la glace centrale d’un armoire à double portes. Le recadrage a donc été fait de manière à ce que l’on ne voit pas ce qu’il y avait dans l’armoire, les portes étant ouvertes au moment de la prise de vue.
Le bois qui fait cadre autour de la glace verticale fait également cadre pour le cliché lui-même. On note que ce cadre n’est pas parallèle mais plutôt en forme de V, ce qui vient contredire le V inversé du mouvement des jambes, et bien sûr, ramène le regard au croisement de ces V, comme pour le lover (ce regard).

On note que les lignes diagonales des jambes légèrement écartées focalisent le regard sur le pénis, tel le mouvement de fuite d’une pyramide, lui-même parfaitement (bien que fortuitement, mais c’est là qu’on reconnaît un grand artiste) aligné au centre des deux lignes verticales que forment les pieds de la chaise et du bureau, eux-mêmes se prolongeant parfaitement dans les droites du plancher.

La partie gauche du miroir étant dégradée, le tain n’étant plus de la première jeunesse, un effet de profondeur de champs factice s’exerce sans que la mise au point ait quoi que ce soit avoir avec. C’est une technique très chafouine de l’artiste qui sait profiter des défauts du monde pour parvenir à un cliché parfait.

Un traitement colorimétrique et de tirage a été appliqué au négatif et donne à la photographie un effet de noir et blanc vieilli mâtiné de colorisation légère.

Passons maintenant à l’analyse du dessein de ce cliché.
L’article l’accompagnant est une réponse à Déborah de Robertis, artiste performeuse avec laquelle l’artiste a travaillé un moment.
Une dispute artistique et philosophique a éclaté en raison de l’attitude dominatrice et irrespectueuse de Roberta envers F.H.P. Cela a directement induit le cliché, en réponse à la mostre de ce que Déborah appelle elle-même “sa chatte”.
Le texte délivre les éléments présentés par F.H.P. afin d’expliciter la situation qui a amené à cette prise de vue politique et philosophique.
En effet, alors que F.H.P. était admiratif du travail de Déborah, mais qu’il lui faisait remarquer que le respect et l’amour de l’autre (ainsi que de soi-même) était l’essentiel de l’art et de la vie en général, elle a rétorqué (dans des écrits non publiés par respect pour leurs auteurs) en gros: “va te faire foutre!” en focalisant sur la relation financière de peccadilles prise pour prétexte. 🙂

Si vous savez lire, le reste est dans le texte artistique lié au cliché.
On ne s’attardera donc pas là-dessus.

Addendum: Il faut la lire et le voir pour le croire, mais Roberta s’arroge le droit de s’approprier des œuvres qu’elle n’a jamais créées par le simple fait de les souiller, par exemple avec son sang menstruel, comme elle l’a fait avec les photos de Bettina Rheims (voir ici: https://twitter.com/D_derobertis/status/1003320542462709761 ).
Bien sûr le propos est plaisant, mais la geste artistique n’est pas suffisante. Une pensée philosophique idoine est également indispensable.

 

Mon vit, mon droit d’auteur

vendredi, juillet 27th, 2018
Autoportrait au sortir de la douche / Self-portrait after the shower. F.H.P. Lornet 2018.

Autoportrait au sortir de la douche / Self-portrait after the shower. F.H.P. Lornet 2018.

AS: attention, violence verbale.

Ma cocotte,

[que j’aime ce doux et affectieux sobriquet dont les papas gâteux et sans imagination affublent leur progéniture femelle]

Ma cocotte, donc.

J’ai pour principe de garder ce qui est de l’ordre de la sphère professionnelle confidentiel.
Cependant, le “Merci de ne plus me répondre.” final de ta dernière missive me pousse irrésistiblement dans le besoin vital et non moins artistique du célèbre droit de réponse.
Alors que j’essayais de profiter sournoisement de ta petite notoriété en écrivant un article sur mon travail technique à ton profit, et alors qu’il avait toujours été convenu qu’il devait bénéficier d’une obole de 100 balles, tu as osé réécrire l’histoire en te défaussant et en prétendant le contraire.
[aparté: tu peux garder ton obole, passée de 100 à 50, je m’en bats les couilles, comme tu peux le voir, moi, j’en ai]
Je ne te rappellerais pas que c’est là une méthode que certaines victimes des atrocités de l’humanité qualifient de révisionnisme.
Du point de vue du droit, ce serait une arnaque, mais on s’en fout, ya pas de contrat légal en bonne et due forme.
Par contre, du point de vue humain, cela s’appelle être irrespectueuse.
Tu as même eu le culot de me proposer de travailler à nouveau pour toi (ta grandeur) sans rémunération, tout en me reprochant d’avoir fait un lien entre l’esclavagisme et le fait d’utiliser gratuitement le travail des autres.
Elle est bonne celle-là, non?
Car c’est ainsi que tu oses prétendre faire ton métier, n’est-ce pas?

Je parlais plus haut d’irrespect, mais ce qui est bien plus cocasse, si l’on ose dire, c’est que c’est également une forme de domination, appliquée à un travail censé dénoncer la domination.
Le pire, c’est que, dans cet acte fou, dont tu as tellement de mal à prendre conscience, tu t’enfonces littéralement.

Je le prends avec sagesse et te retourne, je l’espère, vers un chemin plus respectueux.

Je ne suis évidemment pas au courant de tout, j’ai déjà bien assez à faire avec ma petite personne, mais j’espère que tu laisseras le mobilier qui ne t’appartient pas en bon état. J’ai ouï dire que l’hystérie n’avait pas été vaincue par Sigmund.

A propos de ton travail, dont j’ai mine de rien fait la publicité gratuitement, j’aimerais ajouter quelques précisions à la va-vite.
– “Ma chatte, mon copyright”. Es-tu seulement au fait que le droit d’auteur, en plus d’impliquer une notion (dite évidente) d’argent, est aussi, et c’est plus important, une logique de respect envers l’artiste (et l’Autre en général, qui s’applique d’ailleurs pour toutes les tâches, mais différemment)?
– “Ma go pro, mon clito” (rime donnée gratos). Penses-tu sérieusement que filmer son organe génital, du moins ses parties externes, dans-le-but-de-dénoncer-la-pseudo-domination-de-l’homme-aux-dépens-de-la-femme-dans-l’art, te permettra , via l’utilisation des médias de masse (les réseaux sociaux en sont l’expression ultime), d’atteindre quoi que ce soit de notoriété et de sagesse?

Tout cela n’est hélas qu’une preuve criante que tu n’as rien compris à ce qu’est l’ART.

Faire une école dite d’art, vivre des subsides d’un paradis fiscal, faire un travail passable, tout en exploitant ses semblables. C’est là un projet politique et artistique que j’abhorre.

Pour conclure, je pense que tu es victime de l’air de notre temps. Si l’intoxication à la pollution atmosphérique et nucléaire y est pour quelque chose? je n’en sais rien.
Tu t’engouffres malgré toi, et c’est pour cela que j’apprécie également ton courage et l’ardeur que tu mets dans tes productions artistiques, dans le jeu truqué de notre monde.
Continue. Mais cesse à tout jamais d’exploiter ton prochain.
L’amour de soi et des autres, le respect de la vie, si courte, c’est cela qui compte.

Ajout:
Il y a 15 ans, un pseudo artiste m’avait déjà fait le coup de la promesse. Après que la tête lui a tourné à Paris, il s’est rangé sous l’aile d’un riche propriétaire de galerie… pour gérer la boutique splittée entre N.Y.C. et Bruxelles.
On a les paradis fiscaux qu’on peut…

Ce qui n’a pas de prix

dimanche, juillet 1st, 2018

You’ll like to hear the author right there: https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/annie-le-brun-ce-qui-na-pas-de-prix-ce-sont-les-choses-qui-nous-font-vivre

The woman’s voice make me think about our ‘chiendent’, late Françoise Bellegarde with whom I had the pleasure to talk to.

So fuck you koons and kapoor, and all that you are the symbols of, almost billionaires and nonetheless smallest ones of all that’s humanity.
Whatever unlimited freedom there is in art, it does not mean to throw off awareness.

 

Bansky for (the many) dumbs

jeudi, juin 28th, 2018

Bansky website hall image.

These last days, newspapers were shaked up by the Bansky coming back in Paris to make some art on the walls.
[check what Bansky is all about, at least if you can read street art: http://www.banksy.co.uk/ ]

Instead of talking  about and analysing the art itself, they all went into the great firewall Bansky himself made up: the anonymity.
That’s much fun to see how alienated people run into the false fire.
Who cares who Bansky is? What matters is what is said in the pictures: a profund denunciation of the system running the world today (and much of a critic of so-called ‘humananity’ itself)

The aware ones don’t want war, xenophobia, money.

The stupid ones focus on the cheap side of life.

Des-cons-venus, faut-il un prétexte à l’art?

mardi, mai 22nd, 2018

regard-sur-l'art-marcigny-2018Voilà une question qui a jailli des tanins anti-hémorroïdaires.
Alors que je m’apprêtais à participer à une biennale 2018 du coin, celle de Marcigny, que j’avais apporté le dossier en main propre en juin 2017, que je n’avais cessé d’envoyer des liens vers mes articles et mon catalogue par mail, en juillet et décembre 2017, que je réitérais en février 2018, sans jamais avoir de réponse, mais en n’ayant pas non plus de message de non distribution de mes courriels, je m’attendais à ne pas être sélectionné.
Quelle surprise donc de voir mon nom sur le site de l’association organisatrice! Je m’enquérais alors du pourqwakesse puisqu’il était stipulé que les sélectionnés étaient tenu au courant. On me demandait alors de renvoyer mes missives, ce que j’exécutais avec promptitude, accompagnées de photos de définition correcte destinées au catalogue de l’expo. Hélas, quelle ne fût pas mon désappointement en lisant la réponse du commissaire d’exposition: on se plaignait en creux de ne recevoir que tardivement les photos et, outre le fait que mes séries photographiques sur le Japon ne correspondaient pas au thème (“transformation et métamorphoses”, ce genre de thème est limite un cliché pour absolument tout ce qui concerne le Japon, lieu d’acculturation et de symbiose des temps et des cultures), on me disait avec une méchanceté dont seuls les crétins sont capables que l’on ne “décelait pas de portée artistique” dans mes œuvres…
De la part d’un commissaire d’exposition également exposant… on pourrait gloser à l’infini et publier dans le Canard ce confit d’intérêt notoire 😀

Que ma proposition ne corresponde pas au thème et à l’esprit de la biennale, je m’en serais fort bien acquitté.
Par contre, que l’on vienne me donner une leçon d’art, en se revendiquant de l’art contemporain, c’est une belle preuve d’incompétence et de manque de connaissances, à tout le moins, de ce qu’est l’art contemporain – que dire de quelques cailloux posés les uns sur les autres au somment d’un piédestal parallélépipédique rectangle blanc des plus banals, présenté au palais de Tokyo à Paris, par exemple? Doit-on y chercher une “portée artistique”?
L’art contemporain n’est rien d’autre que vaine tentative de réponse à la question épineuse (et forcément elliptique): qu’est-ce que l’art? Evidemment, ces considérations doivent manquer à ceux qui n’ont ni l’esprit universitaire ni la curiosité de s’instruire ni la liberté de pensée nécessaire à une certaine conscience.

C’est à coup sûr une terrible méconnaissance de l’art photographique.

Mais bref, venant de ceux qui critiquent aisément le centre d’art contemporain du même patelin, probablement avec raison, les subventions n’étant pas vraiment le but ultime de l’art, le fait est vraiment truculent.

Cependant, ayant accepté le refus qui m’était fait par retour de mail en précisant que j’étais seul juge de la “portée artistique” de mes œuvres, je demandais le retrait de mon nom de la liste des participants, ce qui, aujourd’hui, n’est toujours pas fait.

Au reste, la mort de Denis, il y a deux ans, avec qui j’avais des discussions enflammées sur l’art et le zeitgeist qu’on avait tout deux en horreur, suivie de celle de Françoise, esprit curieux, intelligent et victime de la place qu’on faisait et qu’on fait encore à ceux qui sont vraiment différents, puis celle de ma mère qui, en plus d’oblitérer un interlocuteur de plus, ramène sur le devant de la conscience la souffrance qui fait la vie et la mort qui la termine, l’écart pleutre que font les individus un temps connectés, tout cela crée une ambiance des plus dégueulasses.

Alors, cher commissaire d’expo, je vous merde, votre avis personnel n’a pas lieu d’être, qui plus est lorsqu’on n’est pas capable de s’atteler aux tâches administratives élémentaires de l’organisation d’une telle manifestation, à savoir utiliser une boîte à courriels, y répondre dans un délai raisonnable et surtout… LIRE le contenu des missives.
J’ai failli me retenir, mais comme on dit: “c’est toujours mieux dehors que dedans”.

La chronique gratuite de Chère Loque

lundi, juillet 3rd, 2017

Par ces temps de vermine, cher Ouateudjoksone, une image est apparue. Evidemment, c’est une photographie, il paraît que c’est plus simple que la peinture. Evidemment encore, il n’en est rien, mais le but recherché est toujours le même: signifier une volonté.
Dans ce tableau aussi peu réussi techniquement qu’esthétiquement, on remarquera plusieurs choses, et je vous demande de me les dire, car j’apprends toujours de vous cher Ouateudjoksone!

Chère Loque, c’est bien trop d’honneur que vous me faites, et je vais vous dire ce qu’il en est: j’ai l’impression d’un oracle funeste car il s’agit bien d’un portrait officiel, n’est-ce pas? Ce que ma petite expérience de la chambre noire m’inspire, c’est qu’on a là le résultat d’un travail que l’on a cru bien fait, alors qu’il n’en est rien.
En quelque sorte, un joli foutage de gueule à plusieurs dizaines de milliers d’euros je pense.
L’auteur de ce portrait est une femme qui aime la centralitude, on la remarque dans quasiment tous ses clichés, du moins ceux présentés dans son portfolio en ligne. On peut aisément dire que l’on a là le signe d’une extrême faiblesse créative, compensée par un petit coup malin dans le cadrage en ce qui concerne le portrait qui nous occupe (hihi).

Que me dites-vous là, mon pauvre? Poursuivez donc!

Et bien, vous remarquerez que le cadrage coupe les pans de la veste et presque la chique. C’est une tentative avortée de plan dit américain où l’on doit voir, dans les films de “western” les flingues qui pendouillent prêts à l’action; c’est à dire que l’on coupe les cuissots à moitié et pas juste sous les couilles! Et surtout pas la veste!
Bref, c’est anecdotique, bien sûr, c’est certainement dû à quelques contraintes féminines, mais je me demande lesquelles.

Vous voilà bien misogyne, mon cher!

Et ce n’est pas fini, veuillez me croire! Car outre cette faute de cadrage que l’auteur a probablement compensée par une symétrie dite “parfaite”, la frontalité clitocentrée est une erreur manifeste. Je m’explique: outre un mauvais cadrage comparé au coût de ce que j’hésite à qualifier d’œuvre, la mise en scène de la lumière est fort mauvaise.
On voit nettement que le surplus de parapluies et de projecteurs gêne le sujet qui semble avoir envie de mettre ses lunettes de soleil et qui donne à son rictus contraint un air ridicule.
C’est d’ailleurs et certainement le développement de l’image (dont on sait qu’il a été fait en raison de l’exif présent dans le fichier divulgué) qui a dû prendre le plus de temps, afin de corriger les hautes lumières bien trop présentes. Mais après tout, je ne mettrai pas cela au passif de l’auteur, c’est son boulot.
Cela signifie simplement que même avec un appareil à plus de 5000 euros, on peut ne pas savoir vraiment photographier.

Bien, il suffit de ces remontrances, cher Ouatesone! Venons-en à l’étude proprement dite de l’image, sa composition, les éléments et leurs significations…

Ayant eu vent de la fabrication de cette image, un peu comme si “on ne cachait rien” (mon cul sur la commode, tiens), il semblerait que ce soit le sujet principal qui ait lui-même mis en scène le decorum de son propos photographique destiné à une bien médiocre postérité.
Le sujet photographié est donc debout, en pleine frontalité et s’appuie sur le bureau derrière lui des deux mains, cramponnées plutôt que posées, sur la table saillante. La posture est inhabituelle et révèle l’envie d’en découdre; on peut dire que la pose en est absente, c’est du vite fait et c’est compréhensible lorsqu’on est ‘en marche’. Le temps, c’est de l’argent.
Sur le bureau sont posés divers objets anodins, une horloge, des bouquins, un plateau à encriers dorés dont l’un est muni d’un couvercle en cloche surmonté d’un coq, ainsi que ce qui se révèlent être deux téléphones portatifs.

En effet donc, on y voit trois livres, l’un est ouvert à sa droite, deux autres sont empilés fermés sur sa gauche. J’avais reconnu le fin papier et le dos des éditions de La Pléiade avant d’avoir confirmation par les ragots communicatifs. On peut gloser que la lecture se fera plutôt à droite (un seul livre) qu’à gauche (deux livres)… Un petit goût de Tiers… Ou un simple clin d’œil à son épouse?
Alors que la plupart des commentateurs s’évertuent à parler de modernité en raison de la présence des téléphones, je n’y vois qu’un élément perturbateur dans la composition, l’absence de distance vis-à-vis de la pseudo urgence qui pourrait subitement troubler la séance de prises de vue.
Que le coq de la cloche de l’encrier se reflète dans l’écran faisant miroir n’est que le symbole de l’égocentrisme et du narcissisme qui touchent les possesseurs de ces appareils dont la manie de se prendre en photo comme sujet principal est évidemment le pendant. C’est la marque d’un vide terrible et atroce qui gangrène les esprits volages se laissant aller à la facilité la plus crasse.

Pour ma part, je vois dans l’encrier le symbole de l’écriture de la loi, qui, comme chacun sait, n’est assurément pas l’apanage du pouvoir législatif sous la Ve république, mais celui qui est également concentré dans les mains de l’exécutif. C’est donc le symbole d’un pouvoir totalitaire, monarchique, détenu par un seul homme, et c’est bien ce qu’avait voulu le général putschiste qui a écrit la constitution de cette république à l’époque. Seuls les naïfs (“ceux qui ne sont rien”) croiraient autre chose.
Je suppute que la cloche surmontée d’un coq faisant couvercle à l’encrier est également destinée à appeler les servants se trouvant dans les pièces adventices.
Si l’on revient sur l’habillement du sujet, on note qu’il est impeccable, que pour une fois l’intéressé sait faire un nœud de cravate double, le seul qui soit symétrique et honorable pour un gentleman, que le costume est d’un tissu de très belle qualité, contrairement à ceux des précédents, l’un nabot et l’autre mou.
L’homme apparaît solide et soucieux de son apparence.

Là où l’on sent le début d’un malaise, c’est la présence des drapeaux français et européen. Seul un précédent homme de droite avait affiché les deux drapeaux sur une photo pourtant nationaliste. C’est dire que ces deux-là savent qu’un pouvoir renforcé, hélas contre les populations, vient bien d’une unité des souverains en plus grande réunion.

Il se fait tard et je finirai par une dernière pique pour l’auteur de cette image: le parallaxe est mauvais et se voit immédiatement surtout sur une photo voulue d’une symétrie parfaite. On peut s’amuser à tirer des lignes sur les chants des vantaux de la fenêtre pour s’en assurer.
Une rotation vers la gauche d’environ 0,6 degrés et la photo dans son entièreté (le décor ainsi que ce pauvre président) n’aurait pas eu le défaut de pencher à gauche (ou à droite pour le spectateur).
Voili voilou, mon ptit Cher Loque!

Bravo! mon brave Ouateudjoksone! Vous avez bien raison, il est grand temps de prendre un rafraîchissement bien mérité, c’est ma tournée, l’ami.

 

 

 

L’art au Canard

dimanche, mai 7th, 2017

Encore une fois, ce n’est qu’un exemple de ce qu’on peut trouver comme information dans l’unique et seul journal indépendant d’hexagonie… Et dire qu’au maximum un petit million de personnes le lisent. Ne nous étonnons pas de l’étagère.

 

Critique de : “Figé, gardien lithique” série “Le temps n’existe pas” œuvre “18 vues de Kyoto” par F.H.P. Lornet.

lundi, janvier 30th, 2017

 

Eludons tout d’abord, et de prime, le fait que l’artiste lui-même et en conscience devienne le critique de ses propres œuvres: c’est (faire) montre de partage et de gratuité.
Anéfé, s’il avait été sujet d’une autre œuvre, d’un autre artiste, il eût fallu rétribution ou simple envie.

L’œuvre présente une sculpture de pierre en ronde-bosse devant un feuillage arboré. Il s’agit d’une photographie sur papier de coton, encadrée et pourvue d’une étiquette faisant office de cartouche tout autant que de signature. Cependant, l’œuvre est elle-même signée en bas à droite au verso.
Le sujet de la photographie est un komaïnu japonais, autrement connu sous le nom de Shi en Chine, ou plus communément sous l’appellation de chien de Fô. Ce sont des représentations de lions sculptées et faisant office de gardiens de sanctuaires ou de temples.
En l’occurrence, ici, le komaïnu est placé à l’entrée sur le chemin qui mène au temple d’ Otoyo.
Les komaïnu sont des représentations inspirées des Shi de la Chine des Tang, nous apprend la wikipédia (dont il faut se méfier, par ailleurs). Vous lirez.

On peut remarquer sur le cliché qu’un morceau de papier inscrit de kanjis pend d’une branche d’arbre derrière la statue, auquel fait écho l’étiquette cartouche qui pend de l’œuvre.

La prise de vue est faite tardivement dans l’après-midi, le soleil étant plus près de l’horizon que du zénith, et traçant l’ombre du feuillage sur le corps du bestiau.
Sans en savoir plus, et regardant la représentation, on s’aperçoit qu’elle repose sur un socle qui fait corps avec la ronde-bosse. Evidente disposition artisanale de maintien de la création.
Sur le petit côté visible du socle se trouve un éventail, que l’on pourrait confondre de loin avec un hérisson.
Sur le grand côté du socle un rameau s’épanouissant de façon presque symétrique et symbolisant probablement la vie ou la nature domptée par le molosse, gardien du temple.
L’éventail, instrument usuel et prosaïque, est cependant la marque à la fois d’une communauté et d’une certaine aristocratie, tout autant qu’une différenciation sexuée, à travers les âges.

http://kyoto.japon.free.fr/K_Plan.html

Le fond de la photo est plutôt sombre, alors que la silhouette du komaïnu se détache en pleine lumière. L’artiste a voulu faire ressortir la puissance cachée des gardiens (ou anges, dans la culture occidentale récente) de la spiritualité. L’objet du cliché est bien la massivité de la sculpture tout autant que son expression: le bestiau regarde l’objectif et fait mine d’un rictus intemporel montrant sa dentition imparfaite en raison du temps. Le regard est, lui, resté ferme et intransigeant: “C’est sous mes yeux que vous vous aventurez, mortels”.
La statue est datable, au doigt mouillé, du XVIIIe siècle, peut-être plus récent, beaucoup plus récent, étant donné la propreté des coups de ciseaux.

Peu importe, c’est le message donné par l’artiste qui prévaut: ce cliché est le garant de l’intégrité de toute la série, il prend soin de sa conservation et de son intégrité, tout comme le fait un komaïnu à l’entrée des sanctuaires.

Une discussion, un commentaire? envoyez un mail! (les inscriptions spam étant les seules j’ai désactivé les inscriptions ^^)

Japan Touch 2016, découverte: Kuang Kuang de Pi San

lundi, décembre 12th, 2016

Web-série d’animation chinoise réalisée par Pi San et mettant en scène l’écolier Kuangkuang.
Episode du professeur d’art… toute ressemblance, etc.

Version non sous-titrée, mais graphiquement beaucoup plus acceptable: http://www.tudou.com/programs/view/i5NbgBFCwrs/

Les décors sont entièrement fabriqués en carton, en miniature, telles des maquettes. Ces décors étaient exposés côté ‘Salon de l’Asie’ et présentés, ainsi que l’œuvre en elle-même, par Pi San, le réalisateur.

 

L’art de la paresse

mercredi, novembre 30th, 2016

Voici un article qu’il faut lire et tâcher de comprendre: Marcel Duchamp et le refus du travail, Maurizio Lazzarato

Sa version en fichier pdf (mais sans les illustrations).

Pour les très paresseux, une vidéo qui n’a rien à voir. Tiens, c’est drôle ça, une ‘video’ qui n’a rien à ‘voir’. Bref.

Bookmark: http://www.multitudes.net/

La perte. Oraison funèbre pour Denis.

lundi, juin 20th, 2016
Denis_Hokusai

Aquarelle de Denis Webb (lac de Saint-Point) dans un autre univers, au même niveau que le lac Hakone d’Hokusai. Watercolor from Dennis Webb (lake of Saint-Point) in another universe, at the same level of the “hakone Lake” from Hokusai.

Le couac. Anneaux de calcaire en ronde-bosse, taillés dans la masse. Symbole de l'amitié qui liait mes grand-parents paternels avec un ouvrier portugais, tailleur de pierre de son état, venu rénover la bâtiment ecclésiastique du coin, et à qui ils ont offert le gîte et le couvert. Reproductions des statuettes de Cernavodă (Roumanie) datant de l'époque néolithique. / Jarring note (=couac in french, pronounced like Kwak/quack). Chalky rings sculpted in the round cut from solid. Symbol of the friendship between my grand-parents (father's side) and a portuguese worker, stone carver working on the repair of the church near by, to whom they offered board and lodging. Reproduction of Cernavodă figures (Romania) dating from neolithic and known as "the thinker".

Le couac (voir le title ou le alt).

J’ai perdu un ami avec qui nous avions décidé d’un commun accord de nous perdre nous-mêmes. C’était un être sensible et engagé, en colère parfois et souvent intransigeant sur la manière de faire et l’art de bien-faire (des fois c’était too much, quand même, hein).
C’était un artiste. Pas de ceux qui promènent leur chien pour se faire des amis, non. Evidemment issu d’une génération avec ses travers, il avait la douloureuse conscience de tous ceux qui ont traversé les époques d’un siècle tumultueux dont les promesses n’ont jamais été tenues.
Il m’a fait découvrir quel intérêt il y avait à aimer le papier, sa texture, la façon dont il reflète ou pas la lumière, la chaleur qu’il dégage… les possibilités qu’il engendre. C’est grandement en partie grâce à lui que j’ai finalement compris que le travail de la photo prenait du temps, que la prise de vue était la clé de l’expression d’une sensation possiblement jamais comprise par personne d’autre que l’artiste lui-même… mais qu’il fallait, qu’il faut la faire. Qu’il faut se donner le mal nécessaire pour la montrer, la partager avec d’autres, quitte à n’en jamais avoir aucun retour, aucune récompense, carrément pas de reward.

C’est le lot de tous, bien que peu le sachent: souffrir.

Ce qu’il y a de plus important dans l’art, c’est le moment où s’agitent les relations qu’il procure, les rencontres vraies et où occurre ce bout de chemin qu’on fait parfois côte à côte, pour le meilleur et pour le pire, bien sûr.

See ya, Denis, you’ll be forever in my soul.

 

Translation for Debbie (not to say a translation is always a treason)

The loss. Funeral oration for Dennis.

I’ve lost a friend with whom we both agreed to lose ourselves. He was a sensitive and engaged being, sometimes angry and often uncompromising on the approach and on the art of the do good (sometimes, that was a bit “too much”, though).
He was an artist. Not one of those walking the dog to socialize, no. Of course, from a generation with its peculiarities, he had the painful consciousness of all those who’ve been through the times of a rough century which promises were never kept.
He made me discover the good in loving paper, its texture, the way it reflects the light or not, the warm out of it… possibilities it brings. It’s much thanks to him that I’ve finally understood photography work take some time to be done, that shooting was the key of the expression of a sensation possibly never understood by any other people than the artist himself… but that it has to be done, that it is to be done. That one has to make a necessary big effort to show it, to share it with people, even if no return has to be expected, no recompense, no reward at all.

That’s the lot of everyone, while a few got it: suffer.

What is most important in art, is the moment when true relationships are shaking, the real relationships and where happens this part of the road we do side by side, for the best and the worst, of course.

See ya, Dennis, you’ll be forever in my soul.

Rebellion

jeudi, mai 19th, 2016

Permettez-moi d’être ce que vous appelleriez “prétentieux”. Il est vrai que j’ai reçu un enseignement universitaire adapté pour développer une formation intellectuelle et une bonne culture générale en matière d’histoire de l’art, dans toutes les périodes, de la préhistoire au XXIe siècle.
La fin humaniste de cet enseignement m’a permis de me familiariser avec les objectifs et les méthodes de l’archéologie et de l’histoire de l’art afin de construire progressivement mon parcours personnel orienté vers mes propres centres d’intérêts (certains ne sont pas si propres 🙂 ).

Ayant suivi des cours adaptés pour m’initier aux démarches intellectuelles à l’œuvre dans ces deux disciplines que sont l’archéologie et l’histoire de l’art, j’ai pu découvrir progressivement les objets et les méthodes utilisés pour parvenir à une complète maîtrise (oui, j’ai obtenu ce diplôme) de ces matières.
Par un travail régulier, j’ai pu ainsi acquérir un solide niveau de connaissances, à la fois générales, diversifiées et précises, dans ces disciplines.

Evidemment le succès réside aussi dans la motivation et les qualités personnelles. Les études en archéologie et en histoire de l’art nécessitent une curiosité intellectuelle et un certain niveau de compétence. J’ai donc dû aller chercher l’objet d’étude, du chantier de fouille au musée, aller au devant du monument, entrer en contact avec la personne en charge d’une collection, le restaurateur ou l’artiste, comme je l’ai fait lors de mon travail de mémoire de maîtrise concernant l'”Historiographie du chaudron de Gundestrup“.

Un bon niveau de français, avec une attention particulière portée à la précision du vocabulaire, me fut nécessaire, tant pour l’analyse des œuvres que pour la rédaction de mon mémoire de maîtrise. En plus de la maîtrise d’au moins une langue étrangère (l’anglais et l’espagnol en ce qui me concerne), une certaine mobilité m’a été indispensable, par exemple avec des stages de fouilles ou des séjours à l’étranger. C’est ainsi que j’étudiai quelques mois à l’institut Van Giffen de l’UvA, l’Université d’Amsterdam, dans le cadre d’un programme Erasmus et que je me rendis à Copenhague pour la rédaction de mon mémoire, où je pus rencontrer Flemming Kaul, alors museuminspektør du Musée National de Copenhague, et auteur du fameux et concis ouvrage intitulé Gundestrupkedlen.

Ces enseignements structurent l’acquisition des savoirs, des méthodes et des techniques nécessaires, mais ils demandent absolument à être enrichis par un contact étroit avec les objets d’études, les lieux de leur invention, les structures pour leur conservation et leur analyse (fouilles archéologiques, musées …). Il est vrai que j’ai également participé à l’élaboration d’une muséographie, lors d’un stage, au musée archéologique de Dijon, particulièrement sur la vitrine de présentation du temple de Mithra découvert sur le site archéologique gallo-romain des Bolards à Nuits-Saint-Georges.

Hélas, ces quelques tentatives que j’expose ici, ainsi que bien d’autres, n’ont abouti, au final, (notez la litote) qu’à mon écœurement face à un système universitaire peu enclin à récompenser un étudiant curieux et enthousiaste mais sans grands moyens pour subvenir à sa passion. C’est donc aussi ici que vient à propos une critique vive du système capitaliste néo-libéral qui n’octroie de liberté (et si peu) qu’à ceux qui sont soit pourvus de quelques richesses, soit soumis à un ordre social pré-établi, à savoir le joug du travail.

[Quant au tripalium, vous aurez suffisamment de lecture avec ce lien qui donne à penser en s’appuyant, entre autres, sur Marcel Duchamp et sa vision du travail.]

Je tiens à remercier, probablement trop tard, les personnes qui m’ont, malgré mes travers, encouragé, dirigé et soutenu en m’ouvrant les yeux sur les différences notables entre cultures et incité à aimer l’humain, paradoxalement, à travers ses défauts. Non qu’ils m’aient directement enseigné là-dessus, mais leurs existences et leurs actes, le partage de leurs connaissances et l’envie de partager, me l’ont fait comprendre.
Jan Albert Bakker pour son aide très appréciable et son humanité lors de mon passage à l’Institut Van Giffen à l’UvA d’Amsterdam, ainsi que les membres du labo d’archéo-zoologie (dont Madame Van Wijngaarden Bakker).

Simone Deyts pour sa compréhension et la direction de mon mémoire de maîtrise.

Gilles Sauron pour son érudition et sa truculence, l’exemple qu’il a donné à tous ses étudiants lorsqu’il était professeur d’archéologie romaine à l’Université de Bourgogne. (Voyez également une de ses conférences pour vous rendre compte vous-même de la pertinence de ses allocutions 😉 “La révolution ornementale au temps d’Auguste” ).

Tant il est vrai qu’un artiste ne peut être que complet et que sa nourriture n’est pas faite uniquement de pensées, il faut évidemment se rendre à l’évidence: un artiste ne peut que cuisiner.

Accrochage

mercredi, mai 11th, 2016

Bien sûr, c’est fait exprès! C’est pour voir d’en haut!cigitotto
Les cloches étant vraiment lourdes, on s’est dit que le son, lui aussi, allait tomber, que de plus haut, donc plus loin! Arf.

Et bien sûr, la plupart des badauds le voient d’en bas. C’est à la fois la possibilité de dominer, tout autant que celle de se laisser dominer par la puissance d’un travail, que dis-je, d’un labeur, d’une torture, d’un accomplissement mortel et définitif.
Donc, non, vous ne l’aurez pas en grand, il faudra vous procurer un exemplaire signé et onéreux ou une reproduction meilleur marché.

accrochage_2016Mais pour le moment, il s’agit de causer d’un accrochage. Non, pas de ceux qui défient le bon sens de la physique (“bon sens” krkr) comme on peut en voir à longueur de vidéos dans les car crash de la bêtise, mais dans un petit endroit dédié à l’apprentissage de la langue nippone.
Ah! comme je suis tenté de dire que cela fait une semaine “JOUR POUR JOUR”, façon journaleux! 🙂 Zut, ça fait neuf jours! Tant pis alors. Et puis je compte a minima à la nano seconde, moi. Autant dire que j’ai arrêté y’a longtemps.

Il m’aura donc fallu rejoindre l’antique capitale des Gaules en un saut de puce savante, emprunter une ligne ferroviaire qui se meurt (et dont la réparation -la modernisation, en langage politique- ne saurait que l’oblitérer une petite année) pour pouvoir, éreinté d’avoir transporter mon lard et mon art, le disposer enfin sur quelques cimaises à propos.vers_lyon

Ce faisant, j’ai dû me rendre à l’évidence: il était tout à fait impossible de respecter le titre de l’exposition. Ce ne sont donc pas 18, mais bien 14 vues de Kyoto que vous pourrez admirer, critiquer, ou tout simplement regarder dans l’espace réservé à cet effet, celui qui s’est nommé “Lyon Japon”.

Evidemment, j’en profitai, afin de combler la cruelle absence de correspondance, pour faire un tour dans une épicerie de mon goût. N’ayant pas succombé alors à l’achat in situ d’une bouteille d’alcool de riz locale, bien que la boutique dédiée portât le nom du chemin des philosophes, je comblai ainsi ce manque terrible par une douce folie.

uffizi

Nananèreu!

 

Bouillon

vendredi, mars 25th, 2016

hokusaiPour de nouvelles aventures…insoumis
culinaires!

Inadapté

samedi, février 6th, 2016

Voici une brève étude réalisée par Romain Moretto d’une sculpture disposée dans un lieu public à Dijon. Cette vidéo n’a été visualisée, au moment où je la regardai, que 342 fois.

[ Cette étude d’œuvre, quoi qu’on pense de celle-ci, est parfaite]

Tentative de dispersion publique d’un savoir inaccessible? tentative de normation d’une aberration?
Moretto est une énergie.

[Seuls les inadaptés peuvent voir chez d’autres de leurs semblables la beauté de leurs créations. Je parle ici de moi et du Jocrisse, en particulier, et de quelques autres anonymes, loin de m’être inconnus.]

Moretto deviendrait fou s’il ne pouvait passer cette énergie vitale sous forme d’art, vers les autres. [Elle t’embête, ma virgule? 🙂 ]

Pourtant non. Il y a de l’acceptation en lui. Oui, des subventions, de la gentillesse diplomatique. Mais que faire afin d’assurer une maigre pitance?

Je ME pose la question: l’art est-il aujourd’hui celui que veulent et payent les dirigeants? Est-il une vaine tentative de résister? J’ai peur de la réponse.

Et pourtant… et pourtant! Il y a autre chose chez Romain. Il y a la hargne, conduite, maîtrisée, et je ne sais expliquer d’où cela vient. On dira qu’aux lumières de notre époque, c’est probablement due à des dispositions génétiques et culturelles, ce ne peut être autrement, n’est-ce pas?

Il y a une force en lui.

Evidemment, seuls quelques sensibles dont j’ose dire faire partie peuvent s’en rendre compte.

D’autres, l’autre, que je connais n’y voit rien, sans doute par absence, par nulle communication. L’autre est un mur.

PS: on se délectera des commentaires crasseux et stupides de ceux qui constituent le corps de nos braves congénères en lisant les commentaires de l’article consacré à cette tentative de conférence populaire ici, dans la feuille de chou mitée qui est aujourd’hui la propriété d’une banque. Rien que le titre de l’article s’adresse aux commentateurs autant qu’à l’éditeur, haha!

Bravo et merci à Romain pour cette magistrale et malicieuse étude!

Les estampes japonaises

dimanche, janvier 31st, 2016
Ukiyo-e (monde flottant) du lac Hakone, série des 36 vues du Mont Fuji (Hokusai, 1833). Impression de Takamizawa (période Showa) dans les années 1960.

Ukiyo-e (monde flottant) du lac Hakone, série des 36 vues du Mont Fuji (Hokusai, 1833). Impression de Takamizawa (période Showa) dans les années 1960.

Vous vous régalerez en écoutant la conférence, accessible à tous, donnée par Nelly Delay (dont j’ai déjà parlé ici) à la Fondation Bergé à propos des estampes japonaises. Sa malice universitaire, que je ne peux que saluer en espérant la manier également avec la même finesse, ravira les beaux esprits.

[digression]La fascination pour l’aspect technique de l’art qu’ont certaines historiennes de l’art me fait toujours sourire; non que je sois moqueur, mais c’est probablement grâce à une bataille entre deux professeurs, l’une archéologue de la Gaule romaine et l’autre spécialiste de la peinture pompéienne, que je rencontrai ma future épouse sur les bancs de la faculté des sciences humaines.
Alors que nous étions en train de traduire une inscription épigraphique de Nîmes dans un cours regroupant étudiants en lettres classiques et en archéologie, il nous fallut retranscrire le mot armamentis associé à velis, à propos des accessoires amovibles d’un théâtre généreusement donnés à la ville par le dédicant. Le vocable employé pour désigner le système des tentures permettant d’avoir de l’ombre dans les gradins du théâtre romain est celui de la marine: il s’agit de voiles et donc d’accastillage (ou agrès) formés par les cordages poulies et autres mâts. Mon professeur d’art de la Gaule romaine était fort aise de voir un de ses étudiants surpasser ainsi son collègue érudit et lettré qui, pas plus que l’étudiante en lettres, n’avait pu traduire ce terme de façon satisfaisante. [Fin de la digression :)]

Entre autres choses, Nelly Delay nous apprend que finalement, la photo a remplacé les estampes, et c’est tout à coup une autre histoire de l’art qui nous apparaît: l’art contemporain, tel que mon professeur d’art contemporain aimait à l’enseigner, apparaît en Europe avec les premières toiles abstraites de Kandinsky, et on date ce début de ce qu’on a toujours appelé l’avant-garde par une toile que je n’ai pas retrouvée (débrouillez-vous 🙂 ).

L’art contemporain, européen d’abord, donc, et mondial ensuite, est souvent vu comme une réaction à la naissance de la photographie, dans la période qui le précède directement dans l’art pictural, le mouvement impressionniste. La photographie a donc engendré d’un côté, en Europe, la naissance d’une nouvelle forme d’expression artistique qui s’épanouit dans l’abstraction, et de l’autre, au Japon, la mort d’un art réaliste et accessible à tous.
Il est très intéressant de voir que d’un côté de la planète et de l’autre, en raison de différences culturelles intrinsèques, et bien que celles-ci tendaient déjà à se mélanger par de nombreux échanges commerciaux, l’histoire de l’art prenait des chemins toujours divergents.

Addendum pratiques:
Mini exposition de la BNF (bibliothèque nationale française) sur les estampes japonaises et en particulier les vues du mont Fuji de Hokusai

Un site qui vous apprend comment regarder une estampe et comprendre les sceaux

Un site pour retrouver les éditeurs et auteurs d’estampes grâce aux sceaux (je recommande ce site, car Mark Kahn est fort sympathique et on peut être assuré d’une réponse par mail lors d’une requête; on peut également y acquérir des estampes)

On trouve à Kyoto de magnifiques estampes dans la rue Shinmonzen qui abrite un repaire d’antiquaires dont un spécialiste très connu.
Cependant, je recommande également de jeter un œil attentif au magasin Jeugiya qui abrite des merveilles hélas parfois inaccessibles, mais dont la contemplation ravit déjà tous les sens.

 

 

 

La teinture Yuzen

mercredi, novembre 11th, 2015
Kakejiku (Kakemono) réalisé à l'atelier Yuzen de M. Nishimura Yoshio (Kyoto 2015). Technique du pochoir.

Kakejiku (Kakemono) réalisé à l’atelier Yuzen de M. Nishimura Yoshio (Kyoto 2015). Technique du pochoir.

Kyoto Yuzen Dyeing Nishimuraya workshop.

Kyoto Yuzen Dyeing Nishimuraya workshop.

 

 

 

 

 

 

 

 

La teinture Yuzen est un procédé de décoration des tissus inventé à Kyoto au XVIIème siècle.
A partir du XIXème siècle la méthode du pochoir s’est répandue.

Petite histoire de la teinture Yuzen (en anglais)

 

Le temps n’existe pas.

lundi, août 17th, 2015
Jardin sec au Ginkakuji.

Jardin sec au Ginkakuji. Photo Lornet-Design, 2015.

On n’entend le Monde qu’à travers ses propres yeux, toujours. Il n’y a de beauté que ce qui n’existe pas encore.

Revenu fondamentalement changé, si tant est que cela ait jamais une importance, d’un voyage dans l’ancienne capitale du Japon, je me mettais à la lecture d’un livre que je conseille à tous ceux qui, aimant l’absence, le non sens, et le vide temporel, s’adonnent à leur essence et à sentir les exo-endo-phénomènes.
Afin de vous épargnez la lecture de ma pauvre prose, voici les références: Delay Nelly, Le jeu de l’éternel et de l’éphémère, Ed. Philippe Picquier, Arles, 2004 ( ISBN: 2-87730-740-9 )
Il m’avait semblé entretenir une -fort probablement quelconque- relation avec une orientaliste fort documentée (à moins que ce ne soit une documentaliste fort orientée 🙂 ). Elle nous dira peut-être si l’ouvrage que je conseille vaut ce que j’ai ressenti à sa lecture.
Même si cela n’a évidemment que peu d’importance, ni pour le Monde ni pour aucun des ses “éléments” (peut-on seulement diviser arbitrairement le Monde en éléments?), il faut toutefois noter que ceux qui subissent la Vie n’en ont que peu d’intuition.

C’est tout mon contraire.

C’est pourquoi, que l’on fasse ou non, que l’on soit ou pas, l’important est le présent, tant qu’il est partagé, et bien qu’il n’existe pas!

Taquinerie divine :)

mercredi, août 5th, 2015

Extrait inédit et romancé des Notes de voyage à Kyoto (publication privée), dédicacé à Nana et Ayumi qui nous ont accompagnés ce jour-là 😉

Planchette votive, chope tirelire Toei, temple Koryuji. Kyoto 2015. Photo Lornet-Design, 2015.

Planchette votive, chope tirelire Toei, temple Koryuji. Kyoto 2015. Photo Lornet-Design, 2015.

Alors que nous visitions le temple Koryuji, celui dont on dit qu’il est le plus ancien de Kyoto (VIIème siècle AD), nous fûmes amenés à faire un vœu. Ne sachant pas vraiment quel vœu pouvait être exaucé, c’est moi qui décidai sur l’insistante demande de ma chère partenaire 🙂 , de demander la prospérité tant espérée et si désirable en ces temps d’injustice.
Pour effectuer ce vœu, il suffit de s’acquitter de quelques 300 yens (à peine 3 euros) dans le coffre en bois situé devant le temple, d’inscrire son nom ainsi que son vœu sur une petite planchette de bois, et de la déposer dans une boîte prévue à cet effet, après avoir pratiqué quelques gestes rituels, légèrement différents s’il s’agit d’un temple boudhiste ou shintô (on y reviendra).

Pleins d’espoir et échaudés par le climat étonnamment fort brûlant pour cette époque de l’année, nous continuâmes notre périple vers le parc Eigamura pour visiter les attractions et les lieux de tournage des productions audiovisuelles Toei. Nous décidâmes de nous restaurer avant de commencer notre périple.
Alors que nous nous rassasiions de ramen délicieuses, je commandai, sans surprise, une bière qui me fut servie dans un curieux contenant plastique en forme de lanterne.
Le “verre” était fait d’un cylindre en plastique inséré dans cette chope munie d’une anse, en forme de lanterne.
Curieusement, une fois son office accompli et le “verre” retiré, la chope pouvait se fermer à l’aide d’un couvercle fendu et ainsi servir de tirelire!

Je pris donc cet augure comme un message divin, et, un peu dépité, me résolus à ne rien attendre qui ne vienne de moi!

🙂

Pues, si no entiendes las idiomas…

mardi, août 4th, 2015
Couteaux japonais. Photo Lornet-Design, 2015.

Couteaux japonais. Photo Lornet-Design, 2015.

Il suffit pourtant de quelques outils, bien affûtés…

Pour commencer à œuvrer dans d’inconnus domaines…

Sushis de bœuf. Photo Lornet-Design, 2015.

Sushis de bœuf. Photo Lornet-Design, 2015.

Non que nous soyons novices en la matière, que nenni! Des années de practice et d’observation attentive, d’apprentissage et d’erreurs, nous ont montré la voie.
🙂

 

Ouzo. Photo Lornet-Design, 2015.

Ouzo. Photo Lornet-Design, 2015.

Et pour célébrer ça, hop! tant que tu bois, tu restes d’acier! 🙂

Post scriptum: il n’y a de bons artisans que ceux qui utilisent de bons outils, façonnés à la main, pétris de l’âme du travailleur créateur qui y inclut une partie de lui-même. Ainsi, le travailleur qui utilise ces outils est lui-même dans l’obligation de mettre dans ses œuvres une partie de son âme, à jamais incluse dans celui qui les apprécie.